« Automne », jan Henrik Nielsen, éditions Albin Michel, collection « Wiz », janvier 2014.
Résumé de l’éditeur : « Cette île pourrait être n'importe quelle île. Ces deux sœurs pourraient être n'importe quelles sœurs. Cette terre qu'une grande catastrophe écologique a ravagée pourrait être la nôtre. L'eau est devenue rare, le soleil brûle la peau, la végétation se meurt. Terrées dans un bunker depuis six ans, Nanna et sa petite sœur Fride observent le monde à travers un périscope, à la fois fascinées et inquiètes. »

Un jour, les deux sœurs commencent à parler de dehors.
Nanna a des souvenirs, le soleil sur la peau, le vent, la pluie… Fride n’a que le bunker comme repère, elle est arrivée ici bébé…
Mais dehors, le monde a changé, l’automne dure éternellement, les arbres n’ont plus de feuilles depuis des années, tout est hostile.
Les deux fillettes ne se démontent pas et elles y arrivent un jour, pendant que le père fait sa sieste.  
Il faut dire que le père n’est plus comme avant.
La maladie, celle qui a décimé des milliers des humains est là, le père est de plus en plus faible, les réserves des boites sont quasiment épuisées.
Devant la maladie, une chose s’impose. Aller sur le continent, quitter l’ile pour chercher des médicaments pour le père.
C’est lui qui insiste et les fillettes s’exécutent, fébriles, apeurées, et curieuses à la fois.
Commence alors un long périple, la partie essentielle de ce roman, dans un paysage désolé, sur des routes désertes.
Un seul but : arriver à la ville, retrouver l’ancien appartement, trouver le remède.  
Et la surprise de taille les attend.
Il y a une vie dans ce pays mort et silencieux. Des rencontres vont suivre, plus au moins agréables…

Un roman splendide, sombre et sobre. Pas d’action délirante, pas de rebondissements spectaculaires. Le roman qui ressemble à sa magnifique couverture. Un arbre mort, avec deux, trois feuilles qui résistent encore, un début, une fin, un espoir d’une vie normale, peut être…Un coup de cœur ! ♥

Avis de Sophie est par ICI

Quand tout dérape, quand la vie nous joue des mauvais tours, quand elle nous balance des couteaux en plein cœur, il y a deux chemins à prendre.
1) Celui, ou il ne se passe rien, on déprime, on laisse tomber, on meurt à petit feu.
2) Celui ou on déprime, on meurt à petit feu, on suffoque, mais derrière on décide d’avancer quand même.
Dire : « avancer quand même », c’est facile, après, il faut le faire, avec la rage, le désespoir et cette envie de vengeance, tapie au fond.
Les deux romans dont je veux parler sont durs, les mots sont souvent crus et pleins de colère, les filles qui habitent dedans sont blessées, abimées, brisées.
Jem, qui a perdu son meilleur ami, Nastya/Emilia, qui a été agressé et qui ne parle plus.

Chacune va réagir différemment.

Jem, qui a vécu le suicide de son meilleur ami homosexuel, son double, son amour impossible aussi. Elle décide de le venger, de faire payer tous ceux qui étaient impliqués dans sa descente aux enfers.
Nastya/Emilia,  qui s’est fait agresser en plein jour par un inconnu, qui ne parle plus depuis qu’elle se rappelle chaque détail de cet après midi… Sa vengeance, elle veut la préparer toute seule…
Deux vies brisées, deux filles qui font un chemin différent.
Un lien les unit, même si elles ne sont pas dans le même livre.
 La violence.
La violence qu’elles ont subies, directement ou pas.
La douleur et la vie qui devient impossible.
L’apparence qu’elles se donnent pour passer inaperçues ou bien au contraire, provoquer…
Enfin, cette envie qui est cachée loin, l’envie de vivre et de profiter de la vie.
Mais comment faire ?
Comment se montrer telle qu’on est ?
Comment faire confiance ?

Deux romans qui font passer des larmes aux sourires, deux filles tellement différentes et si semblables, deux destins qui n’ont pas la même fin…
Deux coups de cœur enfin, douloureux et fascinants. 

  « Revanche », Cat Clarke, édition Robert Laffont, collection « R », parution 17 octobre 2013.

Résumé de l’éditeur : « La vie est injuste, Jem Halliday est amoureuse de Kai, son meilleur ami, qui est gay. Pas vraiment l'idéal, mais Jem s'est faite à l'idée. La vie est cruelle : une vidéo de Kai en compagnie d'un garçon a été postée sur Internet. Il ne l'a pas supporté et s'est suicidé. Sa vie ne sera que vengeance : Quoi qu'il lui en coûte, Jem a décidé de découvrir qui sont les responsables et de les faire payer, un à un, jusqu'au dernier. » 

« Tes mots sur mes lèvres », Katja Millay, éditions Fleuve Noir, collection Territoires, parution le 2 janvier 2014.

Résumé de l’éditeur : « Je m'appelle Nastya. Voilà 452 jours que je ne parle plus. A personne. Depuis que quelqu'un m'a volé ma vie et ma seule passion. Dans mon nouveau lycée, personne ne sait qui je suis et tout le monde me fuit. Sauf Josh Bennett. Il est toujours seul, comme moi. Un jour, il me parle. Et ma vie change. Encore une fois. »

« Qui a mis des cheveux sur ma brosse à dents ? », Jerry Spinelli, éditions Ecole des loisirs, collection  Médium,  12 Septembre 2013, illustration de couverture de Gabriel Gay. 

Résumé de l’éditeur : « Greg est amoureux, il en est sûr. Tout l’été, il a sculpté son corps et soigné ses cheveux pour plaire à Jennifer Wade.
Mais Jennifer Wade a déménagé.
Megin, elle, n’est pas amoureuse. Tout l’été, elle a attendu l’automne pour que le lac gèle, afin de pouvoir utiliser sa crosse de hockey.
Mais la glace peine à prendre.
Greg et Megin sont frère et sœur, et tout les sépare. Ils se haïssent. Une véritable guerre civile règne chez eux. Quand leur petit frère Toddie a le malheur de traîner dans le coin, ils n’hésitent pas à le prendre en otage. Les parents sont désemparés. Les batailles se multiplient et tous les coups sont permis : coups de donuts, coups de cafards et, bien sûr, coups de crosse.
C’est une guerre fratricide. Une guerre à mort. »

Quand la guerre entre frère et sœur est déclarée, il n’y a pas grand-chose à faire…
Sinon attendre, en surveillant, discrètement, si le sang ne coule pas… 
J’adore tous ces romans qui parlent des relations un brin tendues entre les ados en pleine crise d’identité.
Ils sont jubilatoires, instructifs aussi, pour les parents (si si !) et pour les ados. 
Des coups bas, des plans de vengeance invraisemblables, de la tendresse très éphémère  (et surtout il ne faut pas qu’elle se voit…), de l’humour aussi, plein de venin. 
Par contre, souvent à la fin, on arrive au pays des bizounours, tout s’arrange et tout le monde s’aime. J’aimerai bien que ça se passe comme ça dans la vraie vie, mais souvent ce n’est pas le cas. 

Même si les bizounours sont de la partie dans ce roman, je me suis bien amusée.
 Megin et Greg ont des caractères bien trempes, les parents sont perdus dans cette guerre incessante, on rigole, on s’interroge.
En tant que lecteur on a aussi le privilège de voir leurs secrets et toutes les qualités qui sont enfouies profondément, à l’abri des regards indiscrets… Mais chut, il ne faut pas en parler…Un ado n’aime pas ça.
Une lecture qui m’a beaucoup plu, même si un autre roman similaire a déjà conquis mon cœur il y a quelques années. (« Rien à faire », Rachel Vail, éditions Flammarion).

« Zelda la rouge », Martine Pouchain, éditions Sarbacane, collection Exprim’, 2 octobre 2013.

Résumé de l’éditeur : « Zelda, 16 ans est en fauteuil roulant depuis qu’une voiture l’a renversée, enfant. Sa sœur ainée, Julie, ne pense qu’à la venger et retrouver le chauffard, tandis que Zelda a tourné la page. Pleine d’énergie et de passion, elle se destine à la politique. Les deux sœurs habitent une grande maison qu’elles partagent avec Jojo, ex-SDF bricoleur et jardinier, et Kathy, quinquagénaire complexée mais joyeuse. Et puis, Baptiste entre dans leurs vies… »

Zelda…une personne à part...
Zelda, la « handi », et pourtant c’est elle qui voit la vie en couleurs vives, c’est elle qui donne le ton à ce roman.
Ce roman se lit comme un reportage, des images d’une maison ou tout ne va pas bien.
Julie, la sœur de Zelda veut à tout prix retrouver le chauffard qui a causé l’accident, sa vie est entre parenthèses.
Zelda a déjà tourné la page.
Autour d’elles, des colocs, plus au moins écorchés par la vie.
Et Baptiste qui arrive dans cette maison, illumine la vie de Zelda, assombrit celle de Julie.
On voit venir la fin, on pressent ce qui va se passer, et pourtant on adhère, on se laisse entrainer dans cette ambiance très particulière.
La galère, les factures, les amis aussi et des coups de main, le bonheur partagé à plusieurs, des chagrins et la solidarité.
La maison de Zelda est pleine des fantômes du passé, mais elle est aussi remplie d’espoir et des projets et c’est ça qui m’a fait aimer ce roman.
Une petite pensée pendant la lecture à « Ensemble c’est tout » d’Anna Gavalda, et aussi à roman qui m’a beaucoup marqué, « L’année ou tout a changé ». paru en 2011 aux éditions Bayard
Une lecture pleine d’émotion et d’optimisme. Une belle aventure.   

« Cœurs brisés, têtes coupées », Robyn Schneider, éditions Gallimard jeunesse, 10 octobre 2013.

Résumé de l’éditeur : « Ezra Faulkner, dix-sept ans, sportif, beau, brillant, appartient à la clique branchée du lycée d'Eastwood High, en Californie. Mais un soir d'été un drame survient et sa vie bascule. Son année de terminale ne se passera pas comme prévu, Ezra ne sera plus le roi de la promo qu'on attendait... Brisé, il déjeune désormais à la table des losers. Parmi eux, il y a une nouvelle excentrique et fascinante : Cassidy Thorpe...
La voix corrosive d'un narrateur au charme fou, une bande de copains adepte de l'humour acerbe, une histoire d'amour fébrile... Le récit d'un nouveau départ, où se mêlent recherche de soi, tragédies personnelles et complexité des relations. »

Ezra ne fera plus partie de ceux qui sont le plus en vue, bruyants, insouciants, écervelés pour la plupart.
Sa carrière de sportif est finie.
Sa petite amie l’a laissé en plan. Le tombeur bronzé, musclé et sur de soi est parti…
Il va falloir faire avec.
Et, en lisant ce roman, on se demande si sa vie d’avant était vraiment meilleure. Car, à la table de losers il y a une autre logique de la vie, d’autres préoccupations.
Et il y a Cassidy.
Cette fille mystérieuse, à la fois sombre et pleine de lumière, triste et drôle, indifférente et différente.
Ezra, ancien « golden boy », va découvrir un lycée différent, une fois qu’on n’est plus parmi des « élus ».
Une histoire d’amour, évidemment, mais pas facile, tourmentée, pleine de rebondissements.
La fin est à découvrir par vous-mêmes, sinon je vais spoiler et je n’aime pas faire ça. Aucun intérêt de lire le livre après…    
Un roman  bouleversant, plein d'humour, facile à lire et pourtant très complexe... Dynamique comme les ados qui y vivent et lent comme la vie quand tout s'arrête. Un coup de cœur immense ♥♥♥ 

« Le monde de Charlie », Stephen Chbosky, éditions Sarbacane, 21 novembre 2012 (réédition), la première édition, je crois c’était en 1998…

Résumé de l’éditeur : « Au lycée, on trouve Charlie bizarre. Trop sensible, pas « raccord ». Aux yeux de son professeur de Lettres, qui lui fait découvrir les classiques américains, c’est sans doute un prodige ; les jeunes de son âge, eux, le voient comme un « freak ». Lui se contente de rester en marge des choses. Jusqu’au jour où deux seniors, Patrick et la jolie Sam, le prennent sous leur aile. La musique, le sexe, les fêtes : il va bien falloir que Charlie « s’implique». Mais une fois entré dans la danse, il ne pourra plus continuer longtemps à occulter son passé… »

Une chose est sure… « Le monde de Charlie » n’est pas un bouquin d’action qui se lit dans la journée. 
Charlie exige qu’on réfléchisse. On savoure, on s’interrompt. Le monde de Charlie est très trouble, on peut le lire de deux façons. 
Soit on fait l’impasse sur tout ce qui a pu arriver à Charlie (comme dans le film qui suggère seulement les choses) et on fonce avec lui dans les fêtes, des drogues et autres réjouissances, soit on « écoute » ce qu’il a à nous  dire.
Parce que Charlie nous raconte sa vie, mine de rien, et on sent un malaise qui plane quelque part, Charlie a des problèmes, il est suivi  de temps en temps par un psychiatre, il fait sa vie de lycéen grâce à Sam et Patrick, il est intelligent et très perspicace. 
Sa vie oscille entre les parents, quasiment absents (obnubilés par des secrets de famille ?), sa sœur qui cherche elle-même comment organiser sa vie amoureuse, et sa vie tiraillée par son engouement pour Sam. Il y a aussi des souvenirs de sa tante, aimée par tout le monde, disparue dans un accident, la tante qui est la clé de l’histoire.. 
On ne peut pas chroniquer « Le monde de Charlie »sans oublier des choses importantes. J’avais plein des phrases dans ma tête en lisant ce livre, il y en a qu’une qui m’a resté dans la tête : « Ce qui m'ennuie le plus, c'est de ne pas comprendre"
Charlie cherche des réponses, il en trouve des fois…pas toujours, il gère comme il peut, un pas après l’autre. 
On le suit et on l’aime, pour ce qu’il est et pour tout ce qu’il comprend sans porter de jugement. 
Un livre à lire et le film à regarder après. Sans le livre le film perd énormément, on ne comprend pas  la moitié, l’essentiel est dans le roman…

Et sinon la bande annonce du film:

Double clic pour le voir en plein ecran.